Chine trois fois muette

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Titre de l'ouvrage: 
Chine trois fois muette
Auteur(s) de l'ouvrage: 
François Billeter
Maison d'édition: 
Edtitions Allia, Paris
Date de parution de l'ouvrage: 
Janvier 2010
Date de rédaction: 
Septembre 2019

 

Une certaine posture historique

« On ne peut faire de l’histoire sans interpréter » et trouver la bonne posture de recul, ni trop loin, ni trop prés (Pascal) p.10

Ce livre, s’inspirant de Spinoza, propose une approche spécifique de l’histoire du monde et de la Chine en peu de pages. Pour l’auteur il nous faut comprendre l’histoire comme une totalité « Il nous faut appréhender le monde comme un tout qui ne cesse de se transformer, qui est intelligible à partir de la transformation à l’œuvre en lui et ne l’est que de cette façon. Il ne peut être compris ni par analogie avec des moments passés, ni à travers des faits ou des séries de faits isolés, si nombreux soient ils ». Il applique cette approche à la Chine et mais aussi  à l’histoire du développement de la relation marchande  en Europe puis dans le monde. Il présente l’histoire de cette relation marchande comme une réaction en chaîne non maitrisée qui a structuré en plusieurs étapes la vie économique , sociale et intellectuelle des pays européens et de tous les pays qui ont adopté cette relation marchande.

Une approche systémique versus une  approche analytique cartésienne, Spinoza versus Descartes

Application à ce qui s’est passé :

  • En Europe, depuis la Renaissance, puis dans le monde avec « le déclenchement et le développement d’une réaction en chaine non maitrisée. Cette réaction en chaine, que Marx a appelé le caractère fétiche de la marchandise[1] - a eu au début des effets positifs, puis de plus en plus problématiques, puis de plus en plus désastreux.
  • En Chine depuis l’an mille avant Jésus Christ (Essai sur l’histoire Chinoise d’après Spinoza) . « Il faut comprendre les institutions et les mœurs politiques chinoises à partir de leurs propres catégories. Il faut tenter de les dégager de la masse des données historiques et de comprendre leur histoire à partir de son commencement et dans tout son développement » p.89

 

Un premier enseignement : la société précède l’individu

« Les idées, les manière d’être , les qualités particulières d’un peuple sont déterminées, par ses lois et ses mœurs, autrement dit par une constitution politique et sociale qui lui est propre – et cette constitution est toujours œuvre humaine » p96

Il faut rompre avec la croyance profondément enracinée dans le monde

occidental, selon laquelle l’individu précède la société (...). Ce n’est pas l’homme

qui a fait la société, c’est la vie en société qui a rendu possible l’émergence de la

culture, et ce sont l’une et l’autre qui ont fait l’homme » (Flahaut, L’Homme, une espèce déboussolée, Anthropologie générale à l’âge de l’écologie, Paris, Fayard.2018, p. 139).

 

Un deuxième enseignement : le capitalisme a pris racine dans l’histoire de la pensée européenne

 La raison des savants est née de la raison marchande

« Les savants ne se rendent pas compte que la raison abstraite qu’ils manient avec tant de succès résulte de l’application au monde physique d’une forme d’abstraction qui a son origine dans la relation marchande et qui entretient avec elle un lien  indissoluble  »

Au 19ème siècle la raison économique est devenue la pensée dominante,. La raison marchande est identifiée à la raison même.

Se dégager des fausses évidences de la raison économique et soumettre de  nouveau les pratiques économiques aux finalités sociales, humaines : « Se libérer de la raison économique pour retrouver l’usage de la raison, tout simplement » ?

 

Un troisième enseignement : une nouvelle compréhension de notre aliénation au capitalisme

« Nous vivons dans l’aliénation parce que  nous ne reconnaissons pas dans le mouvement des choses (marchandises) l’effet de notre propre activité, et que , par voie de conséquence, c’est le mouvement des choses qui nous mène » p. 12-14

Nous avons peu de choix , en tant que consommateur nous sommes profondément intégré par la marchandise au fonctionnement du capitalisme

 

Introduction

Idée directrice : une réaction en chaine non maitrisée qui s’est déclenchée à la Renaissance qui a d’abord été locale, et s’est ensuite étendue à l’Europe puis au monde, il s’agit de la relation qui se tisse par l’échange de marchandise, et que Marx a appelé le caractère fétiche de la marchandise. La marchandise qui se présente à nous sous les espèces d’un objet est en réalité un nœud de relations sociales.

« Nous vivons dans l’aliénation parce que  nous ne reconnaissons pas dans le mouvement des choses (marchandises) l’effet de notre propre activité, et que , par voie de conséquence, c’est le mouvement des choses qui nous mènent » p. 12-14

 

Chapitre I La réaction en chaîne

La relation marchande a préexisté  sous différentes formes mais à la Renaissance se produisit le moment de l’émancipation de la relation marchande : les marchands de cette époque se mettent à envisager la société et le monde (une nouvelle vision du monde) du point de vue de leur rapport particulier aux choses, à la marchandise, c’est-à-dire à partir du rapport abstrait, quantifié, calculé en même temps qu’expérimentateur qu’ils entretiennent avec leurs marchandises. Cette nouvelle forme de raison, positive et entreprenante, s’affirme d’abord en Italie, puis dans d’autres parties de l’Europe  (..) Nous la voyons s’étendre progressivement aux domaines des techniques, des sciences et des arts. Nul ne comprend  à l’époque , que cette raison apparemment autonome est une raison marchande par son origine et son essence » p.16

Deuxième moment, du 16ème au 18ème siècle, les marchands se mettent à organiser le travail  des autres, c’est le moment » du développement autonome de cette raison ». Le développement quantitatif du commerce s’accompagne d’une lente transformation qualitative de l’activité, donc de l’esprit. Nous assistons à l’essor des sciences modernes, expérimentales et quantifiées, qui vont peu à peu miner toutes les interprétatives naïves du monde. Les savants ne se rendent pas compte, cependant, que la raison abstraite qu’ils manient avec tant de succès résulte de l’application au monde physique d’une forme d’abstraction qui a son origine dans la relation marchande et qui entretient avec elle un indissoluble  »

Troisième moment, au début du 19ème siècle, la raison marchande considère le travail comme une marchandise, il en résulte une inversion dans l’histoire : jusque là l’économique était subordonné au social, dorénavant l’économique se soumet le social et lui dicte sa loi. La révolution industrielle est d’abord une révolution sociale. L’inversion a été aussi d’une façon plus cachée une violence intellectuelle. « Elle a consisté à soumettre l’infinie profondeur et variété du social aux abstractions de la raison marchande. On l’a fait avec d’autant plus d’assurance que l’on tenait cette raison marchande pour la raison même. » p.22 la raison marchande , la raison économique est devenue la pensée dominante, c’est le moment de la domination. La raison marchande est identifiée à la raison même.

La raison marchande nous empêche de voir la marchandise comme un nœud de rapports sociaux

 

Chapitre II Les 4 moments du développement de la réaction en chaîne en Chine depuis les années 1920.

La Chine a été transformée par la réaction en Chaîne et elle est prise dans la suite de son déroulement à l’échelle du monde

 

Chapitre III La Chine trois fois muette

 

Chapitre IV Conclusion, que faire ?

Mettre fin à la réaction en chaine

Se dégager des fausses évidences de la raison économique et soumettre de  nouveau les pratiques économiques aux finalités sociales, humaines : « Se libérer de la raison économique pour retrouver l’usage de la raison, tout simplement » ?

Une difficulté intellectuelle : « Une telle reconfiguration, (resoumettre l’economique au social) est difficile à concevoir parce que la forme de raison qui domine notre époque la rend inimaginable » ou difficile à imaginer Echec du communisme et du socialisme

Sortir du salariat

 

Essai sur l’histoire chinoise d’après Spinoza

« Il faut comprendre les institutions et les mœurs politiques chinoises à partir de leurs propres catégories. Il faut tenter de les dégager de la masse des données historiques et de comprendre leur histoire à partir de son commencement et dans tout son développement » p.89

« Les idées, les manière d’être , les qualités particulières d’un peuple sont déterminées, par ses lois et ses mœurs, autrement dit par une constitution politique et sociale qui lui est propre – et cette constitution est toujours œuvre humaine » p96

 

[1] La marchandise qui se présente à nous sous les espèces d’un objet est en réalité un nœud de relations sociales