Il est où le bonheur ?
Dans ce livre François Ruffin appelle à la constitution d’un « front populaire écologique », pour lui « l’écologie c’est un conflit de classe et non un consensus » comme le rappelle dans le titre de l’article dans Marianne[1]
Reconstruire le bloc historique
Dans sa quatrième partie, Les deux cœurs, Ruffin rappelles que les grandes dates de l’histoire de la France : 1789, 1936, mai 1968, 1981, c’est quand les classes populaires se rejoignent à la petite bourgeoisie culturelle, aux éduqués, (en 1981 cette union s’est faite dans les urnes mais pas dans la rue).
Depuis 1981, la mondialisation a séparé les vainqueurs et les vaincus (exemple du vote des ouvriers du plan social de Good Year Oui 75% des cadres, Non 75% des ouvriers). Causes de ce plan social : la baisse de la consommation de pneu en France, c’est bon pour la planète, les machines permettent d’augmenter la productivité du travail et devrait permettre de travailler moins, c’est bon pour les salariés à condition qu’il n’y ait pas de délocalisation en Pologne. Exemple que le progrès technologique et écologique peut servir le progrès social.
Exemples où lutte sociale et écologique ne sont pas reliées notamment la suppression du train des primeurs Perpignan -Rungis, présence de la CGT mais absence d’organisation écologique, idem avec la production des turbines à gaz à Belfort qui permettent de lisser la production énergétiques quand les éoliennes et le solaire sont dans le creux.
Le mot concurrence est citée 96 fois dans le CETA et 85 fois dans le Nouveau pacte ferroviaire et ceux de climat, de biodiversité, réchauffement sont cités 0 fois
La mondialisation, le libre échange est à l’origine des pertes d’emplois et des pertes de salaires de nombreux ouvriers il est à l’origine de toutes les problématiques écologiques (Nicolas Hulot),
« Il faut s’unir, plus que jamais s’unir ». Il nous faut gagner dans les urnes. Et aussi dans le rue. Sinon il ne se passera rien. « Que pourrait faire le gars ou la fille envoyé à l’Elisée même sincère, même dévoué au progrès, au vrai progrès, au bonheur au vrai bonheur » p173
« La crise climatique nous impose de repenser les fins »
« La gauche a accompagné une vision économiste de l’homme : le producteur-consommateur, dont on améliore le niveau de vie. Il faut rompre rapidement avec cette vision » La gauche a besoin d une autre vision de l’homme.
« Dans les hôpitaux, les écoles, j’entends en permanence qu’on souffre de manque de moyens. Certes, mais je me demande si, plus profondément, on ne souffre pas d’un manque de fins. Par exemple qu’elle est la finalité de l’éducation ? Fournir du personnel à Uber, à Amazon. Pour moi la crise climatique nous impose de repenser les fins »
« On ne peut plus lutter simplement pour faire glisser le curseur, un peu plus vers le travail, un peu moins vers le capital. Il faut reposer la question du progrès, du bonheur de la réussite » d’où le titre de son livre. Finies, la concurrence, la croissance, la mondialisation. Nous devons imposer un autre récit commun ( toute société a besoin d’un récit commun , cf. livre de Huval Noah Hariri, Sapiens), une autre vision de l’homme. C’est à cette fécondation idéologique que je m’efforce de contribuer, avec d’autres, parmi d’autres »
Dans les pays développés, la croissance ne fait plus le bonheur. « Il faut chercher ailleurs, dans les liens, désormais plus que dans les biens. (Rappel du livre du philosophe Abdennour Bidar, Les Tisserands, Réparer ensemble le tissu déchiré du monde, Editions LLL, 2016
« Mon livre n’est un programme, on y trouve peu de mesures concrètes, il fixe plutôt un horizon : consommer moins, répartir mieux, la décence commune »[2]