La petite fabrique de l’inhumain

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Titre de l'ouvrage: 
La petite fabrique de l’inhumain
Auteur(s) de l'ouvrage: 
Marylin Maéso
Maison d'édition: 
Editions de l'Observatoire
Date de parution de l'ouvrage: 
Janvier 2021
Date de rédaction: 
Décembre 2022

 

Le présent article a pour objectif de présenter d’une manière succincte les principaux apports du livre « La petite fabrique de l’inhumain »[1] de la philosophe Marylin Maeso, en reprenant le plus possible ses propres mots et expressions.

 

Dans son ouvrage Marylin Maeso revisite le roman La Peste de Camus pour saisir, à la racine, les rouages de la déshumanisation. L’objectif de son essai est de prendre acte des insuffisances de l’appréhension de l’inhumain dans les cas extrêmes et de montrer que « l’inhumain s’enracine dans ce qu’il y a de plus humain, c’est à même l’expérience quotidienne qu’il faut tâcher de le déceler ». En s’affranchissant « d’un carcan mémoriel sédimenté en stéréotypes comme celui du sensationnel qui nous aveugle, elle nous invite « à rééduquer notre perception pour la sensibiliser aux petites compromissions, inflexions et résignations qui irriguent nos échanges et nos interactions, qu’on croit anodines et qui pourtant s’agglomèrent en silence pour préparer insidieusement un terreau favorable au pire ».

 

Pour mieux comprendre son choix en tant que philosophe de partir d’un roman de Camus, elle nous rappelle un propos de celui-ci : « On ne pense que par images. Si tu veux être philosophe, écris des romans". (Albert Camus)

 

Quelques constats de départ

Au début de son ouvrage, Maesio souligne que :

  • La qualification d’inhumain est généralement réservée pour dénoncer une guerre sanglante, un génocide, un attentat terroriste, des sévices particulièrement sadiques, qu’une telle situation « déborde les frontières de ce qu’une personne digne de ce nom peut, accomplir ou tolérer sans briser le lien sacré qui le rattache au genre humain »
  • Il est monnaie courante, dès que l’on cherche à caractériser un phénomène  de déshumanisation, de recourir à des parallèle historiques inadéquats qui puissent systématiquement dans un vivier aussi restreint que choquant, qu’il s’agisse de comparer le féminisme contemporain à un totalitarisme, le sort des musulmans en France en 2020 ou des personnes opposées à la vaccination (antivax) à celui des juifs dans les années 1940, ou encore à prophétiser la renaissance du fascisme tous les quatre matins (..) C’est bien que l’habitude de penser l’inhumain à partir de ses incarnations impressionnantes façonne notre imaginaire dans le sens d’un appauvrissement ». Cette habitude de penser repose sur un postulat : « la version hyperthrophiée d’un phénomène facilite, à la manière d’un microscope, la compréhension de ses versions moins flagrantes ».

 

Hypothèses

On peut repérer trois hypothèses principales qui fondent « La Petite fabrique de l’inhumain » :

1.Marylin Maeso reprend l’idée de Nicolas Grimaldi (auteur de l’ouvrage L’inhumain) selon laquelle « la déshumanisation n’est pas l’exception mais une modalité constitutive de l’humain, en ce qu’elle forme le pendant de la liberté de chacun »[2].  

Si pour Grimaldi l’inhumain nous surprend parce qu’on ne s’y attend jamais, pour Marylin Maeso l’inhumain nous surprend parce « qu’on s’obstine à le guetter les bras croisés au lieu d’explorer ses foyers d’incubation ».

2.Une définition du processus de déshumanisation : Comme les Oranais du roman de Camus, nous sécrétons en permanence des germes de déshumanisation chaque fois que nous vidons l’autre de sa singularité d’être humain pour le ranger dans une catégorie abstraite « le bourgeois », « l’oppresseur », l’opprimé », « l’immigré », le sioniste », « le woke », « le facho ».  « La déshumanisation n’est pas l’exception mais la règle ».

3.Selon ses propres mots, la philosophe Maeso propose un quatrième niveau de lecture de La Peste de Camus.

Traditionnellement on reconnait 3 niveaux de lecture de ce roman :

  • Un niveau littéral (le récit d’une épidémie)
  • Un niveau métaphysique (la peste comme image de la condition humaine)
  • Niveau historico politique (la peste comme allégorie du nazisme et plus généralement du fascisme communément appelée « peste brune ».

L’autrice propose un niveau philosophique : « la peste comme la mise en scène de notre inaptitude à percevoir ce qui est hyper-signifiant »[3].

 

L’importance du thème de l’insignifiance chez Camus[4]

 

La chronique de Tarrou dans La Peste  « importe moins par son contenu, que par l’attitude, la tournure de pensée qu’elle exemplifie : le refus de se laisser submerger par l’énormité d’un phénomène hyper-signifiant et le souci de demeurer réceptif à ce qui, à force de répétition, s’est banalisé et basculé dans les limbes de l’insignifiance ».

 

L’importance du personnage de Tarrou est due au fait qu’il sait depuis longtemps que la ville est malade. « Lorsque la peste est là, les Oranais oublient de se demander non seulement ce qui a attiré les rats sur leurs paliers, mais surtout pourquoi ils ont besoin de voir leurs rues grouiller de rongeurs et les morts s’amonceler pour enfin réaliser que la peste est là ».

 

Camus a travaillé plusieurs fois un article ayant pour titre « De l’insignifiance ». Selon Maeso « l’insignifiance programmée de tout ce qui est ou advient, tient pour Camus dans le devenir-mécanique des choses, des pensées, des êtres, puisque même les pensées les plus inspirées finissent par s’abimer en slogans et citations décoratives ânonnés machinalement ». (exemple des références à la Résistance française). [..] La tendance des choses à basculer dans l’insignifiance dépend intégralement de notre propension à les insignifier, c’est-à-dire à les soustraire à notre attention ».

 

L’inaptitude des Oranais à comprendre ce qui se joue, à accepter la gravité de la situation et à agir en conséquence, « est le résultat d’une atonie d’accoutumance, du désir trop humain de protéger un train-train bien installé de tout bouleversement. C’est la démonstration la plus aboutie de son article sur l’insignifiance ».

 

Nous humains, sommes des éternels spectateurs

 

La tragédie des Oranais, en deçà et au-delà de la crise sanitaire, peut se résumer en ces termes : « ils vivent en éternels spectateurs, ils posent sur le monde un regard absent, engourdi par la répétition du même, et se retrouvent fatalement dépourvus quand l’adversité les défie. La notion d’épidémie ajoute à la mascarade puisqu’elle dépeint la peste comme une pathologie qui en survenant subitement, interrompt un état de santé. Ce narratif qui reflète la vision du monde biaisée de consciences que seul le spectaculaire peut encore éveiller, se fracasse sur la piqure de rappel qu’administre Tarrou en exposant la réalité du fléau, celle d’une maladie ancienne et tenace, dont les événements récents ne sont que la phase terminale, le moment que la peste a élu pour réveiller ses rats [..] Nous nous figurons les fléaux comme des explosions subites et démesurées alors qu’ils agissent tel un poison lent dont les premiers symptômes sont aisément ignorés et dont on ne réalise la portée que quand il est trop tard pour administrer l’antidote »[5].

 

Au royaume des spectateurs, les apparences sont reines. Et l’ordre des valeurs se renverse : la gravité d’un événement ne se mesure pas par ses conséquences réelles, mais uniquement aux modifications palpables et gênantes qu’il impose à notre petit monde bien ordonné. « Plus graves que les rats qui sont le problème de la municipalité, plus graves que les malades qui ont la courtoisie de mourir à l’abri des regards, les mesures prises par les autorités (fermeture des magasins, réduction de la circulation, ..) affectent directement les habitudes quotidiennes de la population. Qu’importe que la peste gangrène les fondations pourvu que la ville et la vie suivent leurs cours en surface ». Cette comédie est particulièrement mise en lumière dans le roman par le prêche du Père Paneloux et la représentation d’Orphée et Eurydic .  

 

 

Pourquoi avoir représenté par la peste la pluralité des enfermements aux quels l’être humain peut être soumis ?

 

C’est parce que pour Camus « on ne pense que par l’image »,  à partir d’images, qu’ il « a choisi de représenter la pluralité des enfermements auxquels l’être humain est soumis par les traits de l’une des épidémies les plus sanglantes de l’histoires, rien n’est vraiment réel, faute de pouvoir être contemplé, ou du moins figuré. Une image vaut mille mots, et un corps agonisant, mille statistiques. « Même lorsque le docteur Rieux eut reconnu devant son ami qu’une poignée de malades dispersés venaient, sans avertissement, de mourir de la peste, le danger demeurait irréel pour lui [..] des chiffres flottaient dans sa mémoire et il se disait que la trentaine de grandes pestes que l’histoire à connues avait fait cent millions de morts. Mais qu’est ce cent millions de morts ? puisqu’un homme mort n’a de poids que si on l’a vu mort, cent millions de cadavres semés à travers l’histoire ne sont qu’une fumée dans l’imagination ». L’imagination des Oranais comme celle de la plupart d’entre nous souffre ainsi de limitations originelles que redouble un désintérêt lesté par l’inertie routinière. 

 

 Et Maeso de préciser « La prise de conscience du rôle joué par l’imagination dans notre manière d’exister et d’interagir souligne l’enjeu des conditions matérielles de l’empathie (..) L’empathie doit passer par la chair, s’incarner dans le corps, touché ou imaginé, sans quoi elle reste au seuil du vague, de l’abstraction qui entrave son déploiement en limitant la durabilité de son impact. (l’ exemple du docteur Rieux face à la mort).

 

« L’impuissance de notre imagination peut apparaitre comme le résultat d’une paresse ou d’un cynisme consistant à faire primer la tranquillité de notre conscience sur le bien-être des autres. Mais aussi les œillères de notre imaginaire nous préservent de la déflagration générée par la souffrance du monde qui, si nous y pensions à chaque instant dans toute son ampleur, aurait tôt fait de nous emporter, de tristesse ou de folie[6] ».

              

Comment petit à petit la peste de la fabrique de l’inhumanité fait son nid

 

A partir du texte de Maesio, on peut citer trois facteurs principaux qui contribuent à la petite fabrique de l’inhumanité :

 

1.La sélectivité de notre attention

« C’est moins la discontinuité inéluctable de l’attention que sa sélectivité qui permet aux fléaux de s’installer en nous et autour de nous. L’habitude de considérer la violence qu’à partir de ses expressions les plus flagrantes, et non dans la multiplicité des visages qu’elle peut emprunter, nous rends impuissants face à elle. Car celui qui attend, comme les Oranais, de voir les rats envahir la ville pour enfin, après force déni, réaliser qu’il y a en elle quelque chose de pourri, se condamne à souffrir un cataclysme qu’il aurait pu tâcher d’enrayer dès les premiers signes C’est parce que la chute dans les limbes de l’abstraction se fait de manière progressive qu’elle passe si aisément inaperçue ».

Ainsi vivent « les petits pestiférés » que nous sommes tous à des degrés divers, aux yeux de Tarrou. De nombreux exemples de nos manières de nous comporter aujourd’hui comme des petits pestiférés sont donnés par Maesio[7]. « Ceux qui se réfugient derrière des phrases toutes faites comme « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » pour se laver les mains des milliers de réfugiés qui meurent noyés ». Ceux qui fabriquent des stéréotypes commodes qu’ils chargent de tous les maux tels que « juif voleur », ou « musulman terroriste et acteur du Grand Remplacement ». Maesio cite aussi « la polémique qui a fait suite à la présence, lors de la marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019 de manifestants arborant une étoile jaune imitant le symbole antisémite imposé aux juifs par les nazis [..] Plusieurs personnalités de gauche se sont en effet adonnées à un pitoyable exercice de pirouette sophistiquées pour éviter à tout prix de condamner une récupération qui favorise l’hostilité envers les juifs »

 

2. « Liberté, j’expie ton nom »[8]

A partir de trois évènements récents, Maesio nous rappelle que cent quarante ans après la suppression du délit de blasphème, « il arrive encore dans un pays laïque que l’on meure pour avoir supposément offensé Dieu ». Il est donc urgent de se mettre en règle avec une inconséquence caractéristique de notre époque : « celle d’un pays qui a payé au prix fort l’obtention de la liberté d’expression, et où les héritiers de ce combat ont enfanté dans leurs rangs des figures qui en viennent, sinon à l’embrasser, du moins à flirter avec le narratif des bourreaux ».

 

Les trois évènements, montrant la progression de la peste qui remet en cause notre liberté d’expression, notamment par rapport aux faits religieux, sont :

  • L’attaque des locaux de Charlie Hebdo au cocktail molotov et l’attentat terroriste du 7 janvier 2015 contre les journalistes du même journal
  • L’assassinat de l’enseignant Samuel Paty
  • Le harcèlement de la lycéenne Mila depuis janvier 2020

 

3.Le rejet actuel de l’humanisme des Lumières[9]

« Le rejet actuel de l’humanisme des Lumières s’appuie notamment, chez des intellectuels de gauche tels que Sartre ou Merleau-Ponty, sur la conviction que l’universalité de la condition humaine est postulée par ceux qui ont intérêt à exalter ce qui nous rassemble afin de minimiser ce qui nous désunit. Proclamer l’égalité des droits serait une excuse que l’on se donne pour s’épargner la peine d’avoir à lutter contre les inégalités de fait. Cette conviction s’attaque à l’idée même de nature humaine comprise comme essence éternelle inaltérable unissant tous les hommes par un lien qui transcende les différences, plus fondamental que les divisions ».

 

C’est au nom de cette volonté de rupture avec un humanisme essentialiste et hors sol que Sartre et Francis Jeanson ont critiqué le livre L’homme révolté de Camus[10]. Pour Camus quand la solitude existentielle de chacun face à la mort est une expérience partagée, notamment dans un mouvement de révolte, elle devient la matrice d’une fraternité des humains qui refusent de se résoudre au non-sens. « Dans l’expérience absurde, la souffrance est individuelle. A partir du mouvement de révolte elle a conscience d’être collective, elle est l’aventure de tous »[11]. Et cette solidarité n’est pas seulement celle de notre condition métaphysique. Car c’est bien dans un monde perclus d’injustices que le révolte prend corps, un monde où les hommes se déchirent et se déshumanisent.  Au précepte de Descartes « Je pense donc je suis », Camus propose « Je me révolte donc nous sommes ».

 

« Quand on se soulève contre l’iniquité d’un ordre existant, on le fait toujours au nom d’une certaine idée de ce que le monde devrait être. Le racisme n’est pas simplement le problème de ceux qui le subissent, ni le sexisme celui des femmes ou l’homophobie celui des personnes homosexuelles.  Ils sont, parce qu’ils bafouent l’idée même d’humanité, l’affaire de tous les humains. » Et pour appuyer son propos Maesio cite Franz Fanon « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte »[12].

 

Pour Maeso la tension entre la solidarité que réaffirme chaque révolte et la division qui sépare le révolté de celui ou de ceux contre lesquels il s’insurge demeure au coeur des combats du XXIè siècle pour l’égale reconnaissance de la dignité de tous et la fin des discriminations.

Constatant que dans notre société qui a tendance de plus en plus à se parcelliser en catégories qui se subdivisent, Maesio est amenée à s’interroger : « le communautarisme serait-il le nouvel humanisme ? ». Elle prend pour exemple les débats actuels sur la non mixité dans des manifestations, des spectacles[13] et fait référence à ce qu’évoque Tarrou en parlant des : « contradictions des habitants d’Oran qui, dans le même temps où ils ressentent profondément le besoin de chaleur qui les rapproche, ne peuvent s’y abandonner cependant à cause de la méfiance qui les éloigne les uns des autres ».

 

Comment lutter contre la petite fabrique de l’inhumain

 

On peut tenter de rassembler sous trois rubriques différentes quelques-unes des propositions de Maesio pour lutter contre notre petite fabrique de l’inhumain.

 

1.Le devoir d’éclaircir, l’importance de nommer les maux[14]

« Les mots visent plus à nous protéger des réalités douloureuses qu’à les désigner adéquatement, le langage peut être une arme de destruction massive.[..] Quand on s’est soi-même débarrassé de son humanité pour s’identifier intégralement à une cause ou à une doctrine, il devient d’autant plus aisé d’ignorer l’humanité en l’autre et de le traiter en conséquence : ami ou ennemi, allié ou traître, fidèle ou mécréant, concitoyen ou envahisseur -  il n’y a pas de milieu , ni de place pour la pluridimensionnalité de l’humain ».

 

2. Dénoncer l’euphémisation du mal c’est-à-dire la stratégie visant à désamorcer la nature choquante d’un fait, d’une idée, d’un discours, en vue de les banaliser et de décliner toute responsabilité quant à leurs conséquences. Les exemples cités sont[15] :

  • La Manif pour tous et son déni d’homophobie.
  • Le déni d’une partie de la gauche vis-à-vis de l’antisémitisme dans ses rangs. La notion d’antisionisme a permis de normaliser, au prétexte de défendre les droits du peuple palestiniens, de vieux clichés antisémites, par exemple un lobby juif est devenu un lobby sioniste qu’on accuse d’être partout à la manœuvre.
  • Le blanchiment de formules à caractère raciste au nom de l’antiracisme, par exemples « arabe de service », « nègre de maison ».

 

3.Pratiquer l’éthique de l’attention

« Il nous faut préserver d’une manière farouche la tension qui maintien en respect les deux extrêmes que sont l’hyper-empathie, qui accable le cœur et paralyse l’action, et l’abandon pur et simple à l’abstraction, qui débouche sur toutes les cautions idéologiques. La seule manière de conjurer la tentation de l’abstraction débridée est de se tourner vers une éthique de l’attention. Ethique non fondée sur des principes, mais sur l’engagement continuellement renouvelé à ne plus céder à la facilité qui nous fait détourner les yeux et étouffer la réflexion ». « L’agonie interminable du fils du juge Othon incarne dans le roman ce moment où le scandale que représente la mort des innocents passe d’une idée générale à une réalité vécue. Tarrou et Rieux sont deux manières d’emprunter la voie de l’attention, au-dessus du précipice de l’abstraction ».

 

 

Conclusion

On peut lutter contre la petite fabrique de l’inhumain en adoptant aussi les attitudes et comportements suivants :

  • Se rappeler obstinément que les autres, fussent-ils mes adversaires, ne sont jamais les simples reflets interchangeables d’une classe, d’une race, d’un genre ou d’un autre groupe, quel qu’il soit.
  • Renoncer, pour s’élever contre celui qui s’adonne à l’inhumain, à le suivre sur la pente mortifère de l’abstraction.
  • S’inspirer d’un humanisme universel tourné vers l’avenir prôné par Franz Fanon et repris par Maeso dans la conclusion de son essai : « Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre, […] En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle. En aucune façon je ne dois m’attacher à faire revivre une civilisation nègre injustement méconnue. Je ne fais l’homme d’aucun passé. Je ne veux pas chanter le passé au dépens de mon présent et de mon avenir »[16].
 

[1] Marylin Maeso, La petite fabrique de l’inhumain, Editions de l’Observatoire, 2021, 159 pages

[2] La deuxième partie de l’hypothèse est critiquable, à la lumière de la psychologie évolutionniste.

[3] Cette deuxième hypothèse semble contradictoire avec le 2ème constat de l’autrice celui de « recourir à des parallèles historiques inadéquats qui puissent systématiquement dans un vivier aussi restreint que choquant » pour caractériser un phénomène de déshumanisation.

[4] Marylin Maeso, La petite fabrique de l’inhumain, Chapitre 1 Le diable se cache dans les détails

[5] Voir le DVD de Marie-Monique Robin avec Juliette Binoche « La fabrique des pandémies » 2022

[6] Marylin Maeso, op. cit. voir chronique de Tarrou et de Rieux rappelée p.85

[7] Marylin Maeso, op. cit. pp 93-97

[8] Marylin Maeso, op. cit. chapitre 5

[9] Dans le chapitre 6 de son livre, Maesio propose une référence pertinente au roman de Vercors Les animaux dénaturés et formule une critique de la phénoménologie, philosophie affirmant qu’il n’y a pas de vérité mais seulement des phénomènes.

[10] Marylin Maeso, op. cit. pp. 138- 143

[11] Albert Camus,  L’homme révolté, p.79

[12] Frantz Fanon, Peau noire masque blanc p. 247

[13] Marylin Maeso, op. cit. pp. 149-154

[14] Marylin Maeso, op. cit. p.65

[15]Marylin Maeso, op. cit. pp. 70-76

[16] Franz Fanon Peau noire, masques blancs