L'illusion financière, des subprimes à la transition écologique

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Titre de l'ouvrage: 
L'illusion financière
Auteur(s) de l'ouvrage: 
Gaël Giraud
Maison d'édition: 
Les éditions de l’Atelier
Date de parution de l'ouvrage: 
Janvier 2014
Date de rédaction: 
Septembre 2014

 

L’auteur

Gaël Giraud est jésuite , chercheur en économie au CNRS, membre du conseil scientifique de Finance Watch, et de la fondation Nicolas Hulot

 

Objectifs du livre

L’auteur se propose d’expliquer  la crise financière et économique notamment dans la zone euro et qui a ses origines dans le krach financier de 2007 (le crédit subprime ou marché hypothécaire nord-américain des « ménages pauvres »)

Le livre tente de répondre à trois questions :

  • Comment en sommes-nous arrivés là ? « La crise européenne n’est pas d’abord, une crise des finances publiques, mais une crise de la finance dérégulée » p.13
  • Comment nous sortir de l’impasse ? Partant du constat que la contrainte énergétique compromet largement toute croissance tirée par l’augmentation de la consommation d’énergies fossiles : augmentation du déficit commercial, inflation (ce n’est plus la boucle prix-salaire mais le prix de l’énergie qui est le moteur de l’inflation) la voie de sortie est la mise en œuvre d’un programme de transition écologique.
  • Comment financer la transition écologique ? Une croissance verte tirée par des investissements privées est insuffisante, il faut une impulsion politique forte par-delà la logique financière de court terme.

 

« Non les crises financières ne sont pas une fatalité à laquelle nous n’aurions qu’à nous soumettre »  « Se déprendre de l’illusion financière requiert de nous un véritable « changement de civilisation (..) Un chemin qui passe par l’expérience de réconciliation de nos sociétés avec l’Esprit au travail dans notre histoire » p15 ? (à préciser, le dernier chapitre tente de développer cet aspect mais sans être vraiment convaincant)

 

Chapitre 1 La « société de propriétaires », un idéal messianique

Les subprimes sont le produit d’un projet de société (Bush, Sarkozy) basé sur la déréglementation, le retrait de l’Etat, et visant à mettre en œuvre « une société de propriétaires »

Dans ce chapitre sont expliqués d’une manière claire le fonctionnement du crédit hypothécaire et la titrisation qui vise à transformer un actif financier incertain (une créance de crédit) en obligation (Collateralized Debt Obligation CDO) réputée comme sûre

L’effet pervers de la titrisation : « consiste à transformer la relation de confiance entre un créancier et son débiteur en un bien de propriété privée ; en revendant sur un marché le titre de créance , le créancier ne vend rien d’autre  que la promesse qui le lie à son débiteur » in fine c’est le lien social qui est menacé p26

 

 

 

Chapitre 2 Une noyade programmée ?

L’objectif de ce chapitre est de montrer le lien entre le krach des crédits subprimes et la crise actuelle des dettes souveraines. Ce que peu de médias ont fait.

Ce fut le rôle des CDS (Credit Default Swap,) actifs financiers qui servent de contrats d’assurance sur le risque de crédit et qui peuvent être échangés sur des marchés de gré à gré, non régulés par une chambre de compensation. A la veille de la crise de 2007 le marché des CDS représentait environ 60 000milliards de dollars soit l’équivalent du PIB Mondial

Deux caractéristiques majeures distinguent les CDS des contrats d’assurance classique :

  1. Vous pouvez vous assurer en achetant des CDS contre un risque que vous ne portez pas (prendre une position à nue) c’est-à-dire par exemple assurer la maison de son voisin. Ceci est évidemment interdit en droit des assurances, sans quoi vous pourriez être forment tenté de mettre vous-même le feu à la maison de votre voisin (les positions à nu sur les CDS sont en principe interdits en Europe depuis 2012 ?)
  2. Vous pouvez vous assurer plusieurs fois au moyen de CDS, ce qui est interdit en droit des assurance (vous pourriez être tenté de mettre le feu à votre maison pour toucher plusieurs fois la valeur estimée  de votre maison)

 

«  Lorsque Lehman Brothers a fait faillite en septembre 2008, la planète finance s’est rendu compte que sa dette avait été assurée cinquante fois via des CDS. C’est la raison pour laquelle la faillite de Lehman a eu des effets cataclysmiques : le 15 septembre la planète a dû rembourser cinquante fois ceux qui avaient souscrit des assurances sur Lehman. Autrement dit tout s’est passé comme si cinquante Lehman Brothers avaient fait faillite en même temps »p36

 

La dette des entreprises financières en zone euro est voisin de 150% du PIB de la zone (graphique n°3 p 48)

Rappel : La dette des banques françaises représente 110% du PIB de la France, elle est plus importante que la dette publique française (95 % du PIB). Qui s’en inquiète ? (voir fiche de lecture du livre La Capture)

 

Le 9 décembre 2011 la BNP Paribas a vendu pour 1,5 milliards de CDS sur la dette publique française « En cas de dégradation de la notation de la France, la valeur de portefeuille des banques françaises  qui se sont livrées à pareille transaction sera affectée à la baisse. Si la dépréciation des bilans des banques françaises devaient mettre en péril leur survie, l’Etat serait obligé d’intervenir afin de les soutenir, intervention publique qui provoquerait alors un accroissement de la dette publique française. De sorte que les agences de notation pourraient revoir à la baisse la notation de la France. Ce qui déprécierait encore davantage le bilan des banques vendeuses de CDS »

Les CDS sur les dettes souveraines européennes risquent de jouer le rôle d’un élastique qui relierait deux nageurs en train de se noyer les banques et les Etats (…) Les Etats européens peuvent moins que jamais s’offrir le luxe de laisser se dégrader la situation de leurs banques p53

 

Commentaire : L’auteur a raison d’attirer l’attention sur le danger des CDS  mais la démonstration du rôle des CDS dans la dette souveraine des pays de la zone euro n’est pas totalement démontrée, elle reste plus un danger potentiel. Par contre il faut sans doute rappeler la dimension du secteur bancaire européen : Le secteur bancaire en Europe – représente 46 000 milliards d’euros d’actifs (crédits aux particuliers et aux entreprises +  achats de dettes publiques + placements financiers), soit 3,5 fois le PIB de l’UE ; En France le total des actifs du secteur bancaire français représente 4 fois le PIB ( le total des actifs de la BNP Paribas est égal au PIB de la France (99,8%) ce rapport est de 87,5% pour le Crédit Agricole et 60% pour la société Générale). Rappel fiche de lecture du livre La capture 

 

Chapitre 3 Un marché financier c’est (très in)efficace ?

 

« Les prix qui apparaissent sur un marché financier dérégulé n’ont aucune raison de refléter quelque valeur fondamentale que ce soit. Tout ce qu’ils reflètent, c’est, au mieux, l’opinion que les investisseurs ont des anticipations de leurs collègues sur un certain nombre de variables que chacun s’accorde  à juger « fondamentale » (exemple du concours de beauté de Keynes)

« La vulgate traditionnelle que l’on enseigne dans les business schools du monde entier au sujet de l’efficacité des marchés financiers est une fable » p61

« la valeur de marché d’un actif n’est pas sa juste valeur »

 

A  quelles conditions une transaction financière est elle utile ? p69  (exemple de la loi sur la séparation bancaire française rapportée par la député Karine Berger)

 

Cycle de l’effet de levier[1] : illusion financière p71

Dans le cas du marché hypothécaire, qui a joué un rôle déterminant dans la crise des crédits subprimes, les acheteurs bénéficiaient en 2006 , d’un ratio de levier de 35 c’est-à-dire avec un apport de capital de 3% de la valeur du bien. Rien d’étonnant que la demande de biens immobiliers ait explosé et avec elle le prix de l’immobilier lui-même. Arrive cependant  un moment où l’excès  d’endettement des investisseurs induit un repli des prêteurs. C’est le retournement du cycle qui de haussier devient baissier et l’effet de levier s’effondre. Ces revirements sont fréquents (exemples p71-72). En 2009 « un ménage doit désormais apporter 30% de capital s’il veut s’endetter pour acheter une maison. Evidemment, s’il a acquis cette dernière avant 2006 en n’apportant que 3% du capital initial, il est peu probable  qu’il soit en mesure , à présent de dégager un tiers de la valeur de sa maison pour emprunter en vue de payer sa dette initiale. La chute de l’effet de levier se retourne donc contre ceux qui se sont endettés et fonctionne à l’envers : en phase haussière il permettait de soulever des montagnes avec un apport de capital dérisoire ; en phase baissière, il transforme la moindre crevasse (dette) en un précipice » p 72

 

L’un des symptômes qu’un marché en phase haussière est proche de son retournement est la quasi-disparition de la prime de risque sur le marché des actions, prime accordée au détenteur d’une action  par rapport à celui qui est propriétaire d’une obligation (qui sera en cas de dépôt de bilan remboursés avant les actionnaires).

 

« Qu’en dépit de la récurrence d’un crash tous les quatre ans en moyenne, nos sociétés continuent de tolérer le développement de marchés dérégulés, témoigne de la force de l’illusion financière »

 

Par les effets de levier inouïs que permet la dérégulation, l’illusion financière fait miroiter une prospérité trompeuse car, lors du retournement du cycle, plus haute aura été l’ascension, plus dure sera la chute. Le krach de 2008 a fait perdre  à la planète l’équivalent de sept années antérieures de capitalisation boursière. p78

 

Chapitre 4 La transition écologique

 

Coût de la transition énergétique pour l’Europe : 3 000 milliards de d’euros sur une décennie

Les Etats ont mis à la disposition des banques l’équivalent de 4 000 milliards d’euros depuis  2008. Pour sauver les banques, la BCE a créé 1 000 milliards d’euros entre dec 2001 et fev 2012

Conclusion : la transition écologique couterait donc, aujourd’hui, moins cher que le sauvetage inachevé du secteur bancaire.

Plus on attend, plus son coût augmentera ; Qu’attendons nous ?

 

Chapitre 5 la création monétaire ex nihilo

Les banques créent de la monnaie par les crédits qu’elles accordent. Mais une banque n’a pas le droit de créer de la monnaie au-delà de certains ratios qui dépendent de ses fonds propres et de ses réserves obligatoires (auprès de la banque centrale)

La planche à billet est le principal outil de travail d’une banque

Une banque ne peut pas créer une quantité arbitraire de monnaie, il faut que quelqu’un ait envie de lui emprunter cette monnaie

 

Chapitre 6 Le dilemme des banques centrales

 

Supposons qu’une banque centrale, pour des raisons bonnes ou mauvaises décide d’augmenter d’une manière significative la quantité de monnaie qu’elle injecte dans une économie, la banque centrale fait face au dilemme suivant :

  • Ou bien l’économie tombe dans une trappe à liquidité[2] : taux d’intérêt nul, niveau général des prix stagne, voire diminue, l’économie sombre dans une léthargie, chômage augmente
  • Ou bien la monnaie est utilisée par les acteurs économiques pour effectuer les opérations vitales d’investissement et de consommation, la masse monétaire augmente plus vite que l’offre de l’économie réelle d’où inflation, c’est le scénario expansionniste des trente glorieuses
  • Ou bien la monnaie créée par les banques de second rang alimente une bulle du crédit qui finira par éclater, c’est ce que vivent les économies occidentales depuis trente ans (flambée du marché immobilier accompagnée d’une inflation faible des biens de consommation par exemple)

C’est seul le scénario expansionniste qui rend possible la croissance économique, éventuellement au prix de l’inflation mais il suppose « de rompre avec la représentation classique du métier de banquier central, supposé, depuis 20 ans lutter avec acharnement contre tout frémissement inflationniste »p12

Mais ce scénario expansionniste est hors d’atteinte dans nos économies occidentales à cause de la contrainte énergétique à moins de s’engager résolument dans la transition écologique

 

Crédibilité des banques centrales aux yeux des marchés

« dès lors qu’une banque pèse aussi lourd qu’un Etat, l’impossibilité pratique de cette banque à dire la vérité sur son bilan de santé déteint sur l’Etat lui-même : comment le pouvoir politique osera-t-il rendre publique une information qui, en provoquant la chute du secteur bancaire, induirait son propre suicide ? Comment peut-il résister au chantage des banques qui lui murmurent : « vous voulez nous tuer ? Vous mourrez avec nous » ,  au vote implicite des marchés financiers qui, en sanctionnant un pays ou une banque, peuvent détruire et l’un et l’autre ( via par exemple des CDS) ?. Ce piège du mensonge structurel dans lequel sont enfermées les banques concerne aussi les banques centrales et notamment la BCE. La BCE ne pourra jamais dire qu’elle craint le pire car elle précipiterait le scénario catastrophe

 

Plan d’action p135

Mettre fin aux plans d’ajustement structurels, aussi destructeurs qu’inutiles

Négocier la restructuration des dettes publiques d’une bonne part des pays de la zone euro

Abandonner l’impératif absurde de crédibilité des banques centrales et replacer la direction de la banque centrale sous une autorité politique démocratique qui aura des comptes à rendre auprès des citoyens

Définir une politique européenne monétaire avec l’objectif prioritaire de la transition écologique

 

Chapitre 7 Vers une société de biens communs

 

Hypothèse : l’élaboration d’une Europe de biens communs est de nature à honorer l’aspiration démocratique des Européens, à favoriser une gouvernance efficace de la transition écologique et à remédier aux vices structurels qui entachent la vie d’une société bâtie toute entière sur les marchés financiers p135

 

 « La transition écologique peut constituer, au moins jusqu’à la fin de ce siècle, le véritable projet collectif qui manque si cruellement à nos sociétés financiarisées »p137

Biens privés et biens publics (travail, terre, monnaie) selon Karl Polany

Biens communs ou ressources communes (Elinor Ostrom) : environnement , eau, forets, énergies fossiles,

Gestion publique et  privée sont inefficaces pour gérer les ressources communes : passager clandestin pour le 1er et non prise en compte des externalités dans le 2ème cas

Considérer les communs non comme des biens au sens matériel mais comme des systèmes de règles régissant des actions collectives

 

La monnaie un bien commun

Deux qualités de la monnaie : la liquidité (capacité d’acheter n’importe quoi à n’importe quel moment) et le crédit (possibilité d’emprunter à l’avance de la monnaie)

L’appropriation privée de la liquidité se révèle au grand jour lors de krach boursiers par exemple p144

En dérégulant les marchés financiers nous avons autorisé leurs intervenants à y entrer et à s’en extraire sans aucun engagement de leur part, menaçant la liquidité des marché à tout instant , c’est en cela que la liquidité est un commun, à la manière d’une zone de pêche ( ensemble de règles pour maintenir un bon équilibre au sein de la faune qui peuple la zone maritime)

 

On peut relire la construction européenne comme une vaste tentative pour privatiser l’accès au crédit : en décidant de l’indépendance de la BCE et en laissant le pouvoir de création monétaire aux banques commerciales et enfin en fixant comme objectif une inflation à 2%

Pourquoi la phobie anti-inflationniste et la privatisation du crédit :l’inflation nuit aux rentiers (détenteurs d’actifs) et ce seraient les profits des rentiers qui feraient la prospérité d’une économie en supposant que le processus de ruissellement de la fortune fonctionne

 

Hyperinflation et monnaie interne / monnaie externe

Monnaie interne  correspond à une dette : la monnaie fiduciaire est une reconnaissance de dette des banques commerciales à l’égard de la banque centrale, idem pour la monnaie créée par les banques privées à l’occasion d’un prêt

La monnaie externe est détenue en l’absence de toute dette, elle ne reviendra plus dans le bilan de la banque centrale (faillite souveraine et faillite d’entreprises par exemples),

Seule la monnaie externe  peut créer de de l’hyperinflation

 

 Chapitre 8  Comment financer la transition écologique ?

 Le marché carbone (30€ la tonne de carbone au lieu de 2 à 5 € actuellement) « il serait de toutes les manières illusoire d’attendre d’un prix de marché du carbone qu’il fournisse un bon signal capable de contraindre nos économies à amorcer la transition »

 

Par la Création de monnaie interne

Préalable : ne pas confondre la monnaie disponible pour l’usage d’une collectivité avec le revenu d’un ménage ou la trésorerie d’une entreprise qui ne dispose pas du pouvoir de création monétaire

« Si nous admettons que  la monnaie (liquidité et le crédit) devrait être ni un bien privé ni un bien public, mais un bien commun, alors la liberté de création monétaire dont nous disposons devient un atout. Le financement de la transition énergie-climat doit pouvoir se faire par la création monétaire confiée à une BCE placée sous le contrôle d’une Union politique européenne » p158

 

« le taux d’intérêt dont notre banque centrale devrait consentir la transition est donc au plus égal à 1 %. Un taux à l’aune duquel, dès aujourd’hui, une part non négligeable des chantiers de la transition devient rentable » p161

« gager les prêts longs de la transition sur des projects bonds d’échéance longue (des obligations fléchées sur des projets concrets liés à la transition), c’est parier sur la continuité et la pérennité de l’économie européenne

 

Chapitre 9 Comment gouverner les communs européens ?

 

« les individus concernés par le commun doivent participer régulièrement à la définition et à la modification des règles qui président à sa gestion  (..) et surtout , les membres de la communauté doivent pouvoir compter sur un ensemble d’activités, réparties entre eux, pour accomplir les différentes fonctions de régulation, et toute modification de ces tâches doit être négociée dans la réciprocité » p165 ce mode de gestion des communs n’a pas grand-chose à voir avec le fonctionnement d’un marché, ni avec celui d’une administration

« le commun résulte de la construction d’un cadre réglementaire et d’institutions démocratiques  qui organisent la réciprocité afin d’éviter le comportements de type passager clandestin ou la passivité des usagers des guichets de l’Etat »

 

« La construction européenne  a fait surgir la dimension d’un commun européen  (…) Las, les traités européens ont imprimé au projet initial une direction qui l’éloigne de l’idéal de construction de communs en institutionnalisant  leur privatisation (ou leur gestion non démocratique par des experts) (voir exemples p ;167 BCE, Commission européenne, TSCG,  )

 

Proposition : création d’une chambre budgétaire de la zone euro qui réunirait les députés des commissions des finances et des affaires sociales des parlements nationaux et ceux du Parlement européen  et qui aurait en charge la gestion des communs monétaires et financiers p 178

 

Commentaire : chapitre peu convaincant par rapport aux enjeux annoncés

 

Chapitre 10 Les chantiers communs prioritaires

 

Il convient de réglementer les marchés financiers pour limiter les effets dévastateurs. Une partie du travail de remise en ordre a été entamée à l’échelle européenne (CDS, titrisation, ) mais aussi de l’OCDE

 

Réglementation contracylique des marchés financiers

Rendre plus difficile l’endettement en période haussière et faciliter l’endettement en période baissière

Différencier les actions de la BCE selon l’évolution des  marchés  financiers ou des marchés des biens de consommation.

 

Séparation des métiers bancaires

Le bilan de la BNP Paribas supérieur au PIB français. Son bilan a augmenté de 34% entre 2007 et 2010 ; Solution : séparer les métiers bancaires

Lobbying bancaire français est très puissant, les mesures adoptées en France sont en retrait par rapport aux USA  et en Grande Bretagne , et aux propositions du rapport européen Liikanen

 

Il est faux de prétendre que ce sont les marchés financiers  qui financent les activités des banques de commerce traditionnelles : la titrisation dérégulée a échoué

 

Réglementer le secteur financier européen

 

La monnaie Smart : Système Monétaire à Réserves Totales proposé par plusieurs prix Nobel d’économie

Forcer les établissements financiers à détenir des réserves auprès des banques centrales égales à 100% de leur compte courant (actuellement 1%). Seule la banque centrale peut créer de la monnaie et contrôler la masse monétaire, cette mesure permet de séparer le métier de préteur de celui de créateur de monnaie et permet à la banque centrale de contrôler la masse monétaire, d’avoir une politique monétaire contracylique ?

 

Les difficultés de l’euro comme monnaie unique

Déséquilibre des balances commerciales entre pays de l’euro dus aux taux de change fixe, les différentiels d’inflation ne sont pas compensés du fait de la monnaie unique

Les taux d’intérêt réels (taux nominaux identiques moins inflation) varient de manière importante entre pays favorisant la fuite des capitaux

L’unicité de la monnaie requiert une véritable fédération budgétaire qui accompagne les dissymétries économiques entre les pays de la zone par de véritables transferts. Au sein de l’Etat fédéral américain ces transferts atteignent jusqu’à 4% du PIB contre moins de 1% au sein de la zone euro p217

 

L’impossible fédéralisme européen et l’euro comme monnaie commune

On peut estimer que Berlin et Paris n’ont pas à verser 4% de leur PIB en transferts au profit de Lisbonne par exemple ; dans ce cas là il faut renoncer à prôner le fédéralisme européen et mettre en place une monnaie commune (et non une monnaie unique)

Constat : depuis la création de l’euro, toutes les consultations populaires sur l’Europe se sont soldées par un échec. Les élites européennes semblent avoir gaspillé le capital de confiance dont elles auraient besoin pour oser faire le pas qui consisterait à abandonner davantage de souveraineté nationale, en vue, par exemple, de la constitution d’un budget fédéral. Mais le saut fédéral signifierait aussi l’abolition des rares marges de manœuvre politique qui survivent à l’inscription dans la Constitution européenne du cadre politique ordo-libéral

L’euro pourrait être transformé  en monnaie commune au sein d’un système monétaire européen semblable à celui qui prévalait du temps de l’ECU entre 1979 et 1998 à ceci près que le panier de monnaie qui définissait l’Ecu serait remplacé par l’euro et que les taux de change entre dénominations nationales de l’euro ne seraient pas livrés à l’arbitraire des marchés de change. Les dénominations nationales seraient convertibles entre elles, au sein de la Banque centrale européenne, selon des parités fixes, déterminées par une négociation politique (révisée par exemple tous les ans, en fonction des différentiels de parité de pouvoir d’achat entre pays, des déficits commerciaux,…) Ces négociations devraient aboutir à une dévaluation des euros des pays du sud (y compris l’euro-franc)  par rapport à l’euro-mark ou l’euro-florin. Pour éviter les mouvements des capitaux vers les euros forts, il faudra prévoir une revalorisation des taux directeurs des euros du sud pour compenser l’inflation des pays du sud.

 

Chapitre 11 Nous libérer du veau d’or

Le principal dévoiement du projet européen,  depuis les vingt dernières années, est d’avoir tenté de construire les sociétés européennes autour d’un vaste marché (de biens et de capitaux) et pour cela d’avoir privatisé les communs que devraient être la liquidité et le crédit. « Nous vivons ensemble parce que nous sacrifions à cette même divinité anonyme, l’hypostase sans visage que d’aucuns baptisent marchés financiers ».

 

« Le pari sous-jacent à la construction européenne : construire une union politique que l’on croit impossible à réaliser  avec le consentement des peuples, mais, pour cette raison,  la construire à l’insu des peuples, en les amadouant  par la prospérité économique que le marché unique et la finance étaient censés garantir » L’ordo libéralisme prôné par l’Allemagne , repose sur l’idée  que la prospérité matérielle doit tenir lieu de fondement de la souveraineté politique, idée partagée par de nombreux concepteurs du marché unique et de la monnaie unique.

 

La logique de la concurrence marchande repose à la fois sur l’anthropologie pessimiste de l’homo économicus et sur le droit de la propriété privée. La distinction entre la propriété et l’usage est centrale pour tous les biens de fonctionnalités

 

 

 

Commentaire général sur le livre

 

L’intérêt du livre de Gaël Giraud est d’avoir dans un même livre traité de la crise financière, du financement de la transition écologique, et des difficultés de la construction européenne et notamment de la monnaie unique. A partir de l’analyse de la crise financière déclenchée par les crédits subprimes, l’auteur propose des solutions pour financer la transition écologique, pour relancer la construction européenne et pour sortir de la crise de l’euro.

 

Dans nos sociétés dominées par l’Illusion financière, qui accentue de plus en plus les inégalités entre les 1% les plus riches et les autres (thème non traité par Gael Giraud),  la réponse de la classe politique pour faire accepter cette situation  a été la promesse de devenir tous propriétaires (Bush aux USA) ou la promesse d’une prospérité économique  à venir (marché unique européen). Dans les deux cas, c’est le constat d’ une absence totale d’un projet commun pour vivre ensemble que fait Gaël Giraud. C’est ce projet d’une société de tous propriétaires qui a été à l’origine des subprimes et de la crise financière qui a notamment eu pour conséquence d’augmenter la dette publique de plusieurs pays européens.

 

Le principal apport de Gael Giraud est de différencier la monnaie comme liquidité et comme crédit. Pour l’auteur de l’Illusion financière, c’est le fait d’avoir donné aux banques privées la fonction de fournisseur à la fois de liquidités et de crédit qui permet d’expliquer la crise financière des subprimes et plus généralement le répétition des krachs financiers tous les quatre ans.

 

Pour Gaël Giraud, les transformations financières et bancaires au niveau européen qui sont nécessaires pour assurer la transition écologique et pour construire un nouveau projet européen, «  requiert un véritable  changement de civilisation ». Ce changement de civilisation que l’auteur appelle de ses vœux pour sortir de l’illusion financière et plus généralement de l’illusion monétaire[3] et économique[4], est à peine abordé dans le dernier chapitre (Nous libérer du veau d’or) et c’est sans doute sur cet aspect que le livre manque en partie un de ses objectifs annoncés.

 

 

 

 

 

 

 

[1] L’effet de levier

« Actuellement les fonds spéculatifs gèrent environ 2.500 milliards dollars d’actifs avec un effet de levier moyen de 3,4. Cela signifie que, sur les 2.500 milliards de dollars engagés par ces fonds sur des paris à la hausse ou à la baisse des marchés financiers, environ 700 milliards représentent une épargne existante, tandis que 1800 milliards sont de l’argent emprunté auprès des banques » Rappelons que le PIB de la France en 2013 était de 2 800 milliards de dollars. » (fiche le lecture de l’ouvrage La Capture )

 

[2] La trappe à liquidité est un phénomène proposé en analyse keynésienne, dont le but est d'expliquer les caractéristiques observées quand la banque centrale devient incapable de stimuler l'économie par la voie monétaire. Dans un contexte de récession, une des méthodes de relance est la diminution du taux d'intérêt et l'augmentation de la masse monétaire. Cependant, les agents réagissent à leur prévision du taux d'intérêt par rapport à un taux considéré comme « normal ». Ainsi, la demande de monnaie pour motif de spéculation est d'autant plus importante que le taux d'intérêt est bas. Pour Keynes, les agents arbitrent, dans la répartition de leur portefeuille, entre la détention d'obligations — un actif risqué dont le cours varie de manière inverse au taux d'intérêt — et la détention de monnaie — un actif non risqué. Lorsque le taux d'intérêt est faible, les agents prévoient (spéculent) qu'il va nécessairement augmenter et veulent donc détenir de la monnaie, le cours des obligations étant amené à diminuer. Il existe alors un taux critique, pour lequel la demande de monnaie est parfaitement (infiniment) élastique  : les agents pensent alors tous que le taux va augmenter, et leur préférence pour la liquidité est alors absolue. Une politique monétaire de baisse du taux d'intérêt est alors totalement inefficace dans le cadre d'une relance. (Source : wikipédia)

 

[3] Illusion monétaire : croyance que parce que les prix diminuent, le pouvoir d’achat  augmente, mais il en est rien si les salaires diminuent relativement aux prix. « Tout la rhétorique sur les prétendus bienfaits de la mondialisation, façon OMC et ses prix bas repose sur ce malentendu » p 73

[4] Illusion économique selon Emmanuel Todd « croyance selon laquelle les mécanismes  économiques sont des lois intangibles auxquelles il n’aurait d’autre issue que de se soumettre » p 73