Utopies made in monde. Le sage et l’économiste
L’auteur : Jean-Joseph Boillot, né en 1956, est professeur agrégé de sciences économiques et sociales et docteur en économie. Il est spécialiste des grandes économies émergentes, notamment la Chine, l'Inde et les pays d'Afrique.
Il a travaillé sur l’Asie comme chercheur associé au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) dans le cadre de sa thèse de doctorat. Il rejoint en 1990 le ministère des Finances comme conseiller économique pour suivre les processus de transition dans les grandes zones émergentes du monde : Europe centrale et orientale, ex-URSS, Asie émergente et monde chinois. Il est conseiller financier pour l’Inde et l’Asie du Sud à partir de New Delhi entre 2003 et 2005 pour la direction générale du Trésor. Il a enseigné à l’École normale supérieure.
Il rentre à Paris en 2006 comme spécialiste Inde-Chine, partageant son temps entre des enseignements spécialisés sur ces pays et des activités de conseil pour des organismes publics et de grandes entreprises comme au club du CEPII. Il est chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Thèse principale du livre :
« La confiance dans la capacité des humains à trouver par le jeu des utopies réelles et d’une sagesse renouvelée des solutions à la crise évidente de notre civilisation industrielle et d’une mondialisation devenue chaotique. Elles ne rendent inéluctable ni la perspective de l’effondrement, ni celle de la dystopie d’une société de surveillance plus ou moins totalitaire » p19
Quelques définitions
Définition de l’utopie « L’utopie n’est pas la fuite vers l’irréel, c’est l’exploration des possibilités objectives du réel et la lutte pour leur concrétisation » p14
« Définition classique de l’utopie comme : création imaginaire, conception moralement inspirée visant à un monde de paix et d’harmonie, de satisfaction des besoins de base ou de prospérité matérielle, et non contrainte par des contraintes réalistes qui touchent à la psychologie humaine et à la question de la faisabilité économique, sociale et politique » (le marxisme de base est une des plus grandes utopies de l’humanité poussée à son paroxysme) p212
Définition de la sagesse : « un comportement conforme à une éthique, qui allie la conscience de soi et des autres ; la tempérance, la prudence, la sincérité, le discernement, la justice et qui s’appuie sur un savoir raisonné » p 229
« La sagesse comme solution possible au mouvement de balancier entre idéologie et utopie et à son cycle souvent infernal entre deux termes clairement antagoniste » p219
Définition de la sagesse ou l’utopie-sagesse : « un mélange d’utopie et de prudence qui vient la tempérer compte tenu des échecs passés » p14
Une référence :
L’ouvrage L’idéologie et l’Utopie de Paul Ricoeur. « Ce philosophe réhabilite le rôle nécessaire de l’utopie pour imaginer le futur lorsque les idéologies du système existant se révèlent dépassées par les réalités. D’autre part il propose une piste pour échapper au cercle vicieux de l’affrontement stérile, voire dangereux, entre l’idéologie qui devient réactionnaire, et les utopies qui n’ont pas pour vocation à composer avec le principe de réalité : celle du « jugement de circonstance », c’est-à-dire de la sagesse pratique au sens de Montaigne » p16 La solution est d’ enclencher une spirale positive où l’utopie émancipatrice permet d’adapter aux nouvelles réalité le système de valeur et les modèles politiques, économiques et sociaux » p132 (à préciser)
« Pour Paul Ricoeur, l’idéologie et l’utopie entretiennent un même lien avec la réalité : une fonction d’imaginaire social capable de mobiliser les énergies et de canaliser les passions humaines. Mais là où l’idéologie a pour fonction de légitimer l’autorité, de la justifier, l’utopie a pour fonction de stimuler l’imaginaire sur le champ des possibles, au-delà de l’existant, en permettant de d’envisager des manières de vivre radicalement autre sans se préoccuper de leur faisabilité » p211
Première partie : Progrès
Tous les humains aspirent au progrès mais personne ne s’entend sur ce qu’est un progrès raisonnable. L’explication proposée est que les malentendus viennent de la confusion entre six voies du progrès (technologique, économique, social, politique, humain) et de la difficulté à trouver un équilibre entre elles. Une proposition : remettre le progrès humain au centre de la discussion sur les choix de société.
Deuxième partie : Utopies
Cette partie explore les utopies dans l’histoire comme réponses à la crise en Chine, en Inde, en Afrique, en Occident et l’utopie communiste
L’auteur distingue plusieurs catégories d’utopie (p126) et notamment les utopies réalistes et les utopistes réelles.
- « Dans une époque d’effondrement des grandes idéologies, les utopies réalistes tentent d’offrir une alternative aux utopies planifiées dénoncées par tout un courant philosophique dont Hannah Arendt. Elles proposent des solutions négociées au travers de grandes réformes de type revenu universel ou gestion humaniste des immigrations. La difficulté avec cette approche est le risque de glissement rapide vers une simple adaptation du système dominant ». Autre exemple la RSE, ( responsabilité sociale et environnementale des entreprises).
- Les utopies réelles ne s’opposent pas à la démarche réaliste, mais elles veulent continuer à explorer des alternatives ailleurs. Tel serait le cas des coopératives du type Mondragon en Espagne, du vaste réseau d’économie sociale au Québec ou encore l’encyclopédie Wikipédia » p126, Autres exemples : le village de Maaden en Mauritanie, et multiplication dans le monde d’alternatives locales (voir livre Mille révolutions tranquilles et le film Demain de Cyril Dion).
Commentaire : la différence entre les utopies réalistes et les utopies réelles n’est pas très claire.
1.Utopies made in china ou l’utopie de la Grand Paix
« Le monde chinois est fascinant ; Il fait partie d’une des plus anciennes civilisations ayant survécu et c’est probablement celle qui a connu l’une des histoires les plus riches en révolte de masse contre les pouvoirs en place au nom d’idéaux de justice, d’égalité et de frugalité. La philosophie taoïste en est sans doute le creuset commun, même si un syncrétisme s’est imposé avec le temps entre le vieux fonds de chamanisme, le confucianisme et le bouddhisme chan » p136
2.Utopies made in India ou l’utopie du salut
Le Shambala est un mythe très ancien pour atteindre la société idéale du non désir. Shambala en sanskrit ou Shangri-la en tibétain, serait la terre d’où viendra le Sauveur du monde, Kalki, la dixième et dernière incarnation du dieu Vishnu. Les bouddhistes tibétains ont adapté au XIè siècle ce mythe en en faisant la cité idéale du Klachakra. Pour certains ce lieu mystique aurait existé ou à défaut il faut à tout prix le faire exister.
Selon Boillot, le monde des sectes n’est pas une utopie mais il ne doit pas être sous-estimé. Il forme toujours un courant significatif dans l’imaginaire du nombreux groupes et personnes, sur la planète mais aussi d’expériences réelles, comme on le voit dans de nombreux monastères ou dans des milliers d’ashrams en Inde mais aussi aux quatre coins de monde. Aussi l’exemple de la secte du Falun Gong créé en 1992 en Chine et qui rassemble des dizaines de millions de fidèles, ses membres restent une des grandes voies critiques du régime actuel (p153).
Le mythe du Shambahla doit être compris comme une interprétation intérieure, c’est la position du Dalaïa Lama ; « Il s’agit pas de construire une cité idéale quelque part, mais de la faire en son for intérieur, dans la vie de tous les jours, et par des pratiques de méditation ou des techniques de contrôle de soi (le yoga, l’ayurveda, ..). Les grands penseurs de l’indépendance indienne (Swami Vevekanada,Tagore, Gandhi) se sont inspirés de ce mythe pour résister à la « civilisation industrielle).
Ram Rajya est le mot qui correspondrait le mieux au concept d’utopie. Dans la tradition hindoue, Ram Rajya renvoie à un imaginaire profond du pays idéal où règne Ram, terme qui désigne l’être suprême dans la tradition hindoue. Pour Gandhi, Ram Rajya est « un Etat démocratique et juste, une société du bonheur accompli grâce à son trésor spirituel ». C’est l’utopie du Salut individuel comme condition du salut collectif
Gandhi ou l’utopie patiente. Gandhi marque encore aujourd’hui au travers de nombreux courants la faisabilité de modèles alternatifs à la civilisation moderne : non violence comme mode de résistance, développement local, harmonie avec la nature, subordination du progrès technique au progrès humain. Dans son premier manifeste Swaraj publié en 1909, il voit la cause ultime de la souffrance de l’Inde, non dans la colonisation anglaise mais dans la civilisation dite moderne « qui n’a de civilisation que le nom » dont le fétichisme des machines et de la grande industrie qui broie les hommes et asservit les peuples sous l’emprise des passions pour l’argent et le pouvoir.
Le modèle économique utopique de Gandhi est décrit dans son ouvrage Sarvodaya, qui signifie « le bien être pour tous », il fut publié post mortem et s’appuie sur quatre considérations (pp 158 160) :
- L’économie est une science morale et politique
- Le modèle économique proprement dit : une économie frugale volontaire, garantissant un revenu minimum à tous et des biens collectifs de base, supprimant pour l’essentiel la propriété privée des moyens de production au profit non d’un Etat mais de coopératives de production où les riches mêlent leur capital à celui des autres sans en retirer plus de pouvoir. Tout ceci doit être réalisé volontairement, tout ce qui n’est pas volontaire revient de facto à de la violence et reproduit le système qu’on a rejeté.
- Une organisation sociale qui vise l’égalité de tous les citoyens et la disparition de toute discrimination sociale, sexuelle, religieuse ou philosophique.
- Une organisation politique qui privilégie la démocratie directe, une confédération de communautés.
La mise en œuvre d’un tel modèle économique nécessite une utopie patiente (p160) qui inclut pragmatisme et esprit de concession mais le tout avec ténacité « s’agripper à ce que l’on croît juste » dixit Gandhi in My Experiment with Truth)
L’utopie indienne et notamment celle de Gandhi est loin d’avoir disparu en Inde. Le fondateur du « Parti l’homme ordinaire », Arwind Kejriwal a publié en 2012 son programme sous le titre même de Swaraj, une adaptation du gandhisme à l’Inde moderne (p163). Sa victoire éclatante aux élections locales de 2015 à Delhi, face aux nationalistes populistes hindous, lui a permis de mettre en œuvre ses grandes orientations. Sa réélection en 2019 confirme la solidité de cette utopie.
3.Utopies made in Africa ou l’utopie de l’émancipation
Les utopies à l’indépendance
- La chartre des chasseurs de Manden qui fonde l’Empire fédéral du Mali en 1236. Dans son livre Mes Etoiles noires, Lilian Thuram la présente comme l’équivalent africain de la Déclaration des droits de l’homme. Cette chartre est un mythe encore chanté par les griots.
- L’utopie du panafricanisme, émancipation des Africains autour d’un projet collectif, est né au sein de la diaspora afro-américaine. Le livre de l’anthropologue sénégalais Anta Diop, Nations nègres et culture, et Frantz Fanon Peau noire et masque blanc
Le cycle des utopies marxistes
« L’évolution des utopies révolutionnaires pour une voie socialiste africaine, comme au Ghana ou en Tanzanie par exemple n’apparaît pas convaincante, même si la transition vers plus de réalisme sont loin d’être des échecs aujourd’hui »p176 «Le Ghana poursuit aujourd’hui une expérience originale d’économiste mixte ».
La renaissance des utopies africaines
- Les utopies messianiques
- Les utopies réelles illustrées par la Kenyane Wangari Muta Maathai (1940-2011), elle a fondé le Mouvement de la ceinture verte qui réunit des centaines de communauté de femmes.
- Les utopies radicales : Thomas Sankara au Burkina Fasso assassiné en 1987 et qui s’est en partie inspiré de Gandhi mais avec des différences comme les comités armés de la défense de la révolution.
- L’utopie numérique et coopérative. Expérience au Kenya de formation des femmes aux nouvelles technologies de l’informatique. D’autre part « Un grand nombre d’entreprises sont créées en Afrique qui rejoignent la myriade de coopératives qui essaiment sur le continent ; c’est aujourd’hui la forme institutionnelle de l’utopie probablement la plus populaire en Afrique » p184
4.Utopies made in Occident ou l’utopie de la liberté
Les utopies grecques de l’Antiquité
La Renaissance et l’utopie des Lumières
Thomas More (1478-1535) et le socialisme moderne : Son ouvrage l’Utopia. « La première cause de la misère, c’est la richesses des nobles oisifs et un régime économique qui ne profite qu’aux riches et aux puissants » La propriété privée est abolie, les échanges marchands sont réduits, l’Etat assure à chacun un minimum de subsistance, tout le monde doit travailler mais pas plus de six heures, l’habillement est frugal, l’essentiel du surplus est consacré à l’éducation, les besoins collectifs notamment de santé sont assurés par l’Etat, un système démocratique représentatif dès le village, un système de valeurs qui privilégie le consensus basé sur un compromis entre la nécessité des règles communes et liberté .. p197
Entre utopie libertaire et sectaire : « Rabelais (1494-1553) et sa communauté utopique de Thélème viennent alimenter au sein de l’humanité la persistance du courant libertaire (..) l’hédonisme individualiste ne peut fonctionner que dans de petites communautés » p199
« La communauté utopique de Tommaso Campanella (1568-1639) moine dominicain, un grand critique de la tyrannie féodale, de ses inégalités, et de la misère du peuple ». Son récit Citta del Sole, écrit en prison décrit une société où les « Solariens » ne possèdent rien qui puissent encourager l’égoïsme et la cupidité » p 199
L’utopie libérale du progrès selon Bacon ; Francis Bacon, dans son ouvrage La Nouvelle Atlantide (1627) (en écho de l’ouvrage du même nom de Platon), décrit la première utopie fondée sur l’idée de croissance et prospérité économique, grâce aux sciences aux techniques et ceci dans un régime économique libéral et non administré. « Chez Bacon, le bonheur, le but de la vie, c’est l’abondance permise par les sciences, pas la liberté en soi mais comme moyen et donc plutôt réservée à la sphère économique (..) Aucun doute, voici une des premières grandes sources de l’utopie libérale » p.200. Bacon influencera fortement ce qu’on peut considérer comme des contre utopies du système Platon, mais aussi celles de Thomas More, et de tout courant libertaire et communautaire. Cette utopie libérale de Bacon a influencé l’ouvrage « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » d’Adam Smith
Marx ou l’utopie marxiste (chapitre 11)
Troisième partie : Sagesse
« Tous les humains aspirent à la sagesse et à être gouvernés par des sages. Et l’on doit à l’histoire l’oubli de la litanie des sagesses qui ont gouverné »
L’auteur présente :
- Les sagesses africaines (l’Afrique des proverbes, la sagesse des contes africains, les épopées des griots, les sagesses kikiyues au Kenya),
- Les sagesses indiennes ( La sagesse proverbiale, Vishnu Sharma et ses cinq livres de la sagesse)
- Les sagesses chinoises (la voie du Tao, Confucius ou la sagesse du juste milieu, le bouddhisme Chan)
- Les sagesses occidentales (histoire d’un schisme entre la sagesse et la philosophie)
Le sage et le philosophe : histoire d’un schisme occidental (p 293-296)
La particularité du monde occidental par rapport aux autres grandes civilisations du monde antique est l’apparition d’une bifurcation entre la philosophie comme sagesse pratique, la phronesis, et la philosophie comme savoir rationnel d’essence théorique, la sapiens. Pour le comprendre, il faut revenir aux débats philosophiques au cours de l’Antiquité. La sagesse y est devenue une question philosophique, mais la philosophie au sens de Platon ou d’Aristote s’est détachée de la sagesse pratique au profit d’une sagesse réservée à la seule connaissance. Or la connaissance n’est pas la sagesse. Elle en est sans doute un fondement, mais la sagesse est d’abord une pratique, la fameuse phronésis des Grecs et des Romains.
La plupart des philosophes français traduisent le mot phronesis par prudence, une vertu parmi d’autres. Plus pragmatique, le monde anglo-saxon a choisi pour phronésis la traduction de practical wisdom.
Un pont entre philosophie occidentale et sagesse orientale p297-302
C’est probablement chez François Jullien qu’on trouve une clef de la confrontation entre l’Occident et l’Orient, entre la philosophie et la sagesse. « La logique hypothético-déductive de Platon et Aristote, signe la mort des sagesses du monde occidental au profit de la raison, de la science, de la vérité proclamée et déduite logiquement. De la naitra le monde métaphysique des idées ainsi que la conception téléologique de la fin et ontologique de l’être à l’origine du triomphe de l’individualisme méthodologique. De là émergera aussi le narcissisme et un monde de confrontation permanente sur des idées, « ses » idées, un camp contre un autre »
La sagesse chinoise pose autrement le lien entre sagesse, connaissance et vérité :
Le sage parle le moins possible pour avoir le recul nécessaire pour embrasser le tout et ne pas interférer avec dans l’expression des contraires et des possibles. Le philosophe parle pour dire le vrai et, ce faisant bouleverse le réel l’empêche de déployer tout son potentiel. La sagesse est refus de faire une fixation sur « la » vérité pour s’intéresser au contraire à la dynamique du changement, la fameuse voie du tao. Non pas que le changement ne se produise pas sous la dynamique des contradictions ou des oppositions, mais le processus de transformation suppose précisément les deux termes que le sage examine dans sa globalité. Sagesse et philosophie sont deux intelligibilités qui peuvent être résumées par trois oppositions : pacifique / éristique, soliloquente / dialogique, compréhensive / exclusive
La perte de la sagesse intervient dès lors que se forme un point de vue partial, une disjonction entre le vrai et le faux. (ouvrage de Tchouan-Tseu IVè siècle avant notre ére), au point de perdre la coexistence des opposés qui forment précisément la cohérence de la réalité. On accède à la voie, le tao, en comprenant qu’elle n’est exclusivement d’aucun coté. Le débat philosophique détourne de la sagesse, car il oblige à choisir entre l’une ou l’autre position. La contradiction se dissout par le non-attachement, le fameux pivot du tao qui permet d’avoir une vision globale et donc une approche holistique du tout plutôt qu’analytique des parties. Selon Lao Tseu « Il n’y a point de chemin vers le bonheur. Le Bonheur c’est le chemin ».
« Si la sagesse a un problème avec la philosophie, la sagesse s’en découvre un avec la philosophie » (François Jullien) En effet elle incite au conformisme, à l’effacement du sage qui ne prend pas position, qui se prive de toute résistance face au pouvoir. La philosophie au contraire se révèle révolutionnaire en son principe.
Il nous faut combiner les deux approches de la sagesse et de la philosophie. Sans idées, pas d’écoles, mais sans sagesse, l’affrontement devient stérile et au profit de la loi du plus fort.
La sagesse de la sagesse serait tout à la fois la capacité analytique de la philosophie occidentale, mais aussi sa mise en perspective calme et posée à l’aide des sagesses made in monde, c’est ainsi que pourrait être envisagé une sagesse de l’économie.
Quatrième partie
Economie de la sagesse
Keynes et l’utopie-sagesse d’une économie postindustrielle (chapitre 18)
Voir son ouvrage Perspectives économiques pour nos petits enfants (1930)
Amartya Sen et la mesure du progrès humain (chapitre 19)
Indice de développement humain. Dans son ouvrage Theory of Justice : Il ne peut exister un seul critère pour désigner ou viser un monde juste
Dani Rodrik et la mondialisation modérée (chapitre 20)
Albert Hirschman et l’art du déséquilibre (chapitre 21)
Nicholas Gergescu-Roegen et la sagesse de la bioéconomie (chapitre 22)
Et l’économie donut de Kate Raworth
Reghuram Rajan et l’équilibre à trois piliers (chapitre 23)
Les trois piliers : Entreprises, Etat, individu et communautés
Commentaire : cette dernière partie est un peu décevante par rapport à l’ambition annoncée de l’ouvrage
Un exemple d’une utopie réelle appliquée avec sagesse : les techniques agrobiologiques mises au point en Inde par Subhash Palekar (pages 226-229)
Installé dans le district de Vidharbata tristement célèbre pour le suicide de ses paysans endettés, Subhash Palekar, fils de paysans commence par vivre les pathologies de la révolution verte. Formé à l’université d’agriculture de Nagpur, il va mener pendant une quinzaine d’année des expériences mélangeant les traditions indiennes, une bonne observation du terrain et enfin de nombreux tests empiriques. Il met au point le ZBNF (zero budget natural farming) un modèle économique basé sur zéro intrant extérieur. « Bref c’est un autodidacte qui mélange le vieux fonds de la tradition du monde rural indien – la sagesse ancestrale – avec ce qu’il connaît de la biologie moderne. D’où son surnom de Krishi ka Rishi , le Sage de l’agriculture.
Commentaire :L’exemple le plus convaincant apporté par l’ouvrage