Spiritualité

Une des difficultés que l’on rencontre pour essayer de préciser le contenu du mot « spiritualité », est qu’on a trop longtemps assimilé spiritualité et religion. Rappelons qu’étymologiquement ce mot spiritualité vient du mot latin spiritus (esprit) – dérivé de spirare (souffler) – qui signifie souffle, vent. Il a aussi donné les mots inspirer et expirer. On peut ainsi noter une proximité entre la spiritualité et le souffle de vie qui habite en chaque homme et qui anime sa respiration.

Dans la Genèse il est dit « Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant ». Rappelons aussi que dans Les Evangiles la venue du Saint Esprit se manifeste par un grand souffle. Pour préciser le contenu de ce mot on peut s’inspirer des propos d’André Comte-Sponville, philosophe et auteur d’un ouvrage L’esprit de l’athéisme, Introduction à une spiritualité sans Dieu. Pour ce philosophe qui se dit athée, la spiritualité fait partie de la vie de l’esprit, et de préciser « l’esprit n’est pas une substance, c’est une puissance, c’est un acte (acte de penser, de vouloir, d’imaginer, ..)».

L’esprit en tant que puissance de penser n’existerait probablement pas sans le cerveau, « mais le cerveau sans cette puissance là, ne serait qu’un organe comme un autre ». Tout en définissant la spiritualité comme puissance de penser, Comte-Sponville reconnaît qu’il est difficile d’en donner un contenu précis : « La spiritualité est davantage une contemplation, une expérience, une pratique ».

Il nous dit qu’il avait pensé appeler son livre sur la spiritualité Traité du silence, « pour indiquer le vrai paradoxe : essayer de dire avec des mots, de penser avec des concepts, quelque chose qui n’est pas un mot, ni un concept, quelque chose qui est d’abord une expérience, une pratique, un silence, et qui me paraît être le sommet de la spiritualité ». Ces propos sur la spiritualité font écho à la définition de la Voie, du chemin spirituel prôné par le taoïsme dans le Tao Te King : « voie qu’on énonce n’est pas la Voie, nom qu’on prononce n’est pas le Nom ». Selon Carl Gustav Jung, père de la psychologie des profondeurs, la spiritualité serait une fonction naturelle de notre psyché. Carole Sédillot, formatrice et spécialiste de Jung, explique que pour ce dernier la spiritualité est « une force ascendantes qui traverse l’homme et qui permet le contact avec son être véritable, ce qu’il nomme le soi. C’est à dire un état de complétude que l’on atteint lorsque l’on a intégré les dualités : l’ombre et la lumière, le ciel et la terre ».

Précisons que pour Jung le soi est l’archétype de la totalité, mais il reconnaît qu’il ne peut rien en dire, le soi constituant en tout état de cause une expérience limite pour la conscience.

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